Il s’agit d’un modeste bougeoir à boite comme on en utilisait pour aller se coucher. Banal en apparence. Et pourtant...
Un passé de parcimonie
Dans le temps, beaucoup de gens, surtout à la campagne, vivaient dans une forme d’économie de subsistance : les échanges commerciaux étaient beaucoup plus limités qu’aujourd’hui, l’argent était souvent rare et strictement compté, les biens qu'il avait fallu acheter à l’extérieur faisaient donc l’objet de strictes mesures d’économie. On ne jetait rien, tout "pouvait encore servir", y compris les restes de chandelles que l’on récoltait dans ce type de bougeoir. Ils suffisaient bien pour monter se coucher !
Y compris pour la lumière
L’éclairage, aujourd’hui, nous semble aller de soi mais souvenons-nous que, jusqu’à une époque relativement récente, pour des raisons à la fois économiques et techniques, la lumière était tout sauf abondante. La « pollution lumineuse » était inconnue, inconcevable même. Les bougies de cire, qui nous semblent pourtant bien élémentaires, constituaient un luxe que peu de gens pouvaient s’offrir. A leur place, « lamponètes » et « crassets » alimentés à l’huile de faines, chandelles de suif… L’apparition des lampes à pétrole dans la seconde moitié du XIXe siècle a changé la vie de nos aïeux : enfin une lumière plus abondante et stable ! Quant à la fée Électricité, il lui faudra du temps, au fil du XXe siècle seulement, pour gagner progressivement chaque village, chaque maison. Au fond, ce n'est pas si vieux ! Il faut mesurer la grande importance de ces lents progrès : en effet, l’éclairage n’est pas seulement une nécessité pratique mais également, en permettant le partage de certains moments de loisir après le travail, une source importante de lien familial et social.
Beaucoup d’inconvénients et de dangers
Lors de la restauration de la Blanche Maison, on a découvert, sous des couches de peinture plus récentes, un état ancien des murs du « poêle » (pièce à vivre) : ils étaient noirs de la suie produite durant des années par les diverses lampes. A croire qu'on ne les avait pas reblanchis pendant longtemps ! Imaginez-vous passer la soirée à la lumière d’une flamme vacillante, dans une pièce aux murs de couleur anthracite (pas bêtes, les Romains allaient jusqu'à peindre d'avance en noir les murs de leur pièce de séjour, au moins cela faisait propre)… De quoi donner envie de se coucher avec les poules !
Mais ce n’était pas tout : des parties de villes, des villages entiers ont brûlé suite au renversement accidentel d’une lampe (forcément à flamme vive), en un temps où les maisons était largement, sinon principalement, construites en bois (voir l'encart).
Voilà de quoi nous parle ce modeste bougeoir. Comme tous les objets anciens, il n’était pas aussi muet qu’il en avait l’air, il suffisait de l'interroger !